Ironiser sur le mariage de Kate et William, ricaner sur la béatification de Jean-Paul II, c’est possible. Ces deux événements, un républicain agnostique les avale de travers. L’antique protocole monarchique, quelque peu dépoussiéré par de médiatiques épousailles pour redorer le blason de la famille royale et remettre en selle les Windsor, bien blancs dans une Grande-Bretagne multicolore. Ou les pompes vaticanes tout entières déployées pour célébrer Karol Vojtyla, avec un regain d’arrogance de l’Eglise catholique, apostolique et romaine, plus que d’humilité à la Saint-François d’Assise.

On peut railler et rigoler. On peut n’avoir guère le goût de dormir sur un trottoir pour voir passer un carrosse ou de piétiner pendant des heures place Saint-Pierre pour crier en chœur.

Pourtant ces foules de Londres et de Rome, démultipliées par les télévisions, racontent plus que des émois de midinette ou des troubles de chaisière. On peut y voir le besoin de positif dans un monde brutal, la place pour l’admiration : un si beau couple de conte de fées, un pape qui – passez-moi l’expression – en avait et « bene pendentes », contrairement, dit la légende, à la papesse Jeanne. On peut y déceler la recherche, inspirée par les magazines people ou les Saintes Ecritures, d’une élévation, mouvement passager ou puissamment intérieur. Ces rassemblements montrent le besoin d’un coude à coude fraternel, d’un partage, fut-il fugace.

On peut combattre les idéologies qu’expriment la déférence à un monarque et la dévotion à un dieu. Mais ce sont des valeurs que, chacun à leur manière, incarnent le couple princier et le souverain pontife. Kate et Karol, même combat ! Des valeurs incarnées, voilà qui donne à espérer… avant la future élection présidentielle.